mardi 21 décembre 2010

Jacqueline de Romilly et l’association Guillaume-Budé

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Le décès de Jacqueline de Romilly, le 18 décembre, a donné à la presse l’occasion de revenir abondamment sur la carrière de la grande helléniste et sur son engagement pour la défense des langues anciennes. Nous voudrions ici simplement rappeler les rapports qu’elle a entretenus avec l’association Guillaume-Budé et sa section locale orléanaise.

En 1930, le Républicain orléanais et du Centre annonçait, sous le titre "Encore une victoire féministe", le succès au concours général de Mlle Jacqueline David, 17 ans, élève du lycée Molière à Paris : premier prix de version latine et deuxième prix de version grecque. Son succès à l’agrégation, six années plus tard, amena la jeune femme à enseigner dans des lycées de Tournon, Montpellier et Bordeaux.

C’est à l’association Guillaume-Budé de Bordeaux que Mlle David rencontra Michel Worms de Romilly, qu’elle épousa au printemps 1940.

Quelques années plus tard, elle entra au Conseil d’administration de l’Association et, en mars 1960, lors de l’Assemblée générale, elle fit une communication sur Les mythes antiques dans la littérature contemporaine.

En 1966, répondant à une invitation amicale de Jacques Boudet, elle fut reçue par notre Association orléanaise où elle fit une conférence sur le thème Age d’or et progrès à l’époque classique en Grèce.

En 1975, année où elle est devenue vice-présidente de l’Association, elle revint à Orléans pour féliciter la section orléanaise qui fêtait alors ses vingt années d’existence et pour parler de La tragédie grecque miroir de la Cité.

En janvier 1977, alors que l’association Guillaume-Budé nationale était associée à la commémoration, en Sorbonne, des débuts de l'enseignement du grec à Paris par Georges Hermonyme de Sparte, elle fit un bilan de Cinq siècles d'hellénisme en France et termina son intervention en lançant un appel en faveur de l'enseignement du grec.

En 1981, elle succéda à Fernand Robert comme présidente de l’Association. A ce titre, elle prononça un "in memoriam" lors du décès de Robert Flacelière, puis, à l’Assemblée générale de 1982, elle fit un exposé sur L'amitié de Giraudoux avec l'hellénisme.

Elle démissionna de la présidence fin 1983, afin, dit-elle alors, de ne pas "compromettre" l’association Guillaume-Budé alors qu’elle se disposait à publier un ouvrage très engagé sous le titre L’Enseignement en détresse.

En 1984, toujours à l’Assemblée générale de Guillaume-Budé, alors qu’elle venait d’illustrer par des extraits musicaux une étude sur La tragédie de Sophocle Hercules et le drame musical de Händel, elle profita de cette occasion pour revenir sur ses inquiétudes quant à l’avenir du grec dans notre enseignement : "Sans le grec en arrière plan, on vit toujours plus ou moins dans un monde à plat, auquel manque cette merveilleuse dimension du temps, où les oeuvres revivent, évoluent et prolifèrent de façon quasiment continue — jusqu'à présent du moins. En ces quatre mots de réserve, j'enferme nos craintes, nos espoirs, et la tâche même que notre Association entend assumer de toutes ses forces."

Dans les années qui suivirent, le bulletin de l’Association publia le texte de trois conférences données par Jacqueline de Romilly :
  — en 1986, une conférence qu’elle avait donnée aux Amis de l'Université de Paris-Sorbonne sur L'humanité d'Homère et les humanités.
  — en 1987, une conférence donnée devant la section d'Aix-en-Provence : Le conquérant et la belle captive.
  — en 1992, une conférence donnée au Palais de la Musique d'Athènes sur L'hésitation et le regret dans les tragédies antiques relatives à Electre.

Enfin, en 1993, Mme de Romilly prit contact avec l’association Guillaume-Budé d’Orléans pour attirer son attention sur une association qu’elle venait de fonder sous l'appellation de "Sauvegarde des enseignements littéraires".

L’influence de Jacqueline de Romilly s’est étendue bien au-delà de nos frontières. L’écrivain grec Vassilis Alexakis, que l’association orléanaise avait reçu en 1997, vient de lui rendre hommage en rappelant que son influence dans la Grèce d’aujourd’hui a été considérable et en suggérant qu’une rue d’Athènes porte son nom.

Pour son combat en faveur des études classiques, pour les leçons de rigueur et d’honnêteté intellectuelle qu’elle a données à ses élèves et à ses lecteurs, pour sa riche personnalité qu’elle a révélée au public dans plusieurs ouvrages plus personnels, Jacqueline de Romilly a été un bel exemple de cet humanisme moderne que l’association Guillaume-Budé essaie de sauvegarder et de promouvoir.

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Arlette Farge le jeudi 27 janvier 2011

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La conférence d'Arlette Farge :
reportée du 7 décembre, aura lieu le jeudi 27 janvier prochain.
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vendredi 10 décembre 2010

Le blog de la Librairie Guillaume Budé, Les Belles Lettres

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La Librairie Guillaume Budé, Les Belles Lettres a créé son blog ! C'est par là.
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mercredi 8 décembre 2010

La conférence d'Arlette Farge annulée

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La conférence d'Arlette FARGE, prévue hier au soir, a dû être annulée. Notre invitée alitée, souffre d'une angine. Elle a dû se résoudre a annuler son intervention :

Nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Dès qu'elle ira mieux, Alain Malissard la contactera afin de fixer une nouvelle date.

Ce regrettable report, le second de la saison — ce qui ne nous était jamais arrivé — nous permet de constater deux choses :
  • la loi des séries*, cette loi qui n'a jamais existé, a encore frappé…
  • la liste de diffusion de notre association — combinée à l'antique téléphone  — a montré sa grande efficacité puisque seulement une quinzaine de personnes (dont un couple venu d'Étampes et des étudiants) s'est retrouvée devant la porte close de la salle.
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* La loi des séries, qui postule qu’un événement désastreux doit en entrainer d’autres, similaires, à sa suite. On dit alors qu' « un ennui n'arrive jamais seul », ou encore « il y a des jours comme ça où on ferait mieux de rester au lit ».
  • D’un point de vue sérieux, les études montrent que la loi des séries est en fait un biais de l’esprit humain, qui a tendance à relever bien plus les successions exceptionnelles, même si elles ne sont statistiquement pas improbables, que les cas où justement les accidents ne se produisent pas en série[4].
  • On remarque que la durée de la série d'avanies subie est directement proportionnelle au carré de la gravité des dites avanies, une série vénielle ne durant rarement plus d'une journée, très exceptionnellement jusqu'à une semaine, une gravité beaucoup plus prononcée pouvant conduire au concept d’annus horribilis.
  • On constate également que tout ce qui peut être entrepris pour tenter d'enrayer la « série noire » semble généralement et irrémédiablement voué à l'échec, pouvant même se révéler à l'occasion générateur de nouvelles et récurrentes avanies, exacerbant par là même une paranoïa grandissante.
  • Un nombre x de méthodes de calcul apporte au moins x résultats différents.
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mardi 30 novembre 2010

Alexandra David-Néel

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Le mardi 25 novembre, les budistes et leurs amis ont bravé le mauvais temps pour venir écouter : Joëlle DESIRE-MARCHAND, docteur en géographie, parler d’une figure originale du XX° siècle :
 
ALEXANDRA DAVID-NEEL,
la femme aux semelles de vent

La conférencière (qui est d’ailleurs native d’Orléans) s’intéresse depuis longtemps à cette grande voyageuse, à qui elle a consacré plusieurs ouvrages — dont Alexandra David-Néel. Vie et voyages (Arthaud - 2009). Nous avons été invités à participer, avec documents photographiques à l’appui, aux fabuleuses pérégrinations en Asie de cette Parisienne (ou presque, puisqu’elle est née le 24 octobre 1868 à Saint Mandé) partie en 1911 pour 18 mois et de retour 14 ans plus tard ! Rien ne prédisposait cette jeune fille née d’une mère belge et d’un père d’origine tourangelle, douée pour la musique et qui choisit pour un temps la carrière d’artiste lyrique à parcourir le monde, si elle n’avait connu, après plusieurs visites au Musée Guimet, la vocation de l’orientalisme. En même temps qu’elle fait ses débuts de journaliste, qu’elle entre dans le cercle d’Elisée Reclus et qu’elle fréquente les milieux contestataires, anarchistes et féministes, elle se passionne pour l’hindouisme et le bouddhisme. La voilà fermement décidée d’aller se former sur place. En 1902, elle a rencontré à Tunis un bel ingénieur français du nom de Philippe Néel qu’elle épouse deux ans plus tard ; celui-ci comprendra très vite que Louise-Eugénie-Alexandrine-Marie n’est point faite pour le mariage ; il lui gardera cependant toute sa vie une indéfectible amitié ainsi qu’un soutien financier appréciable ; et surtout, il conservera pieusement toute sa correspondance.

Nous avons alors suivi toutes les étapes de ce long voyage : en premier lieu un séjour en Inde, une rencontre à Bénarès avec son premier maître, une autre avec le 13° Dalaï-Lama. Après une halte à Calcutta, puis à Darjeeling, elle va découvrir en profondeur le bouddhisme tibétain dans des monastères où n’a pénétré encore aucun étranger (encore moins une femme !) ; après franchi des cols à plus de 5000 mètres, par des chemins muletiers, elle va découvrir aussi la fascination de la haute montagne, un “ensorcellement” qui va durer toute sa vie.

En 1914, elle engage Aphur Yongden qui deviendra son fils adoptif et, en sa compagnie, pendant de longs mois, elle va vivre en ascète recluse dans une caverne. En 1916, elle se rend à Shigatse, au monastère de Tashi-Lhunpo, véritable ville, d’une “somptuosité barbare”, où vivent 4000 moines autour du Panchen Lama, seconde personnalité du bouddhisme tibétain. Mais alors, elle est expulsée du Sikkim et part pour un nouveau périple, par le Japon — qui la déçoit profondément, par la Corée et la Chine ; à Pékin, elle se joint à une caravane, parvient au nord-est du Tibet, au monastère de Kum Bum, où elle passe trois années d'une vie vraiment heureuse. Poursuivant sa marche elle va connaître plus tard le dénuement, la maladie et après d’innombrables difficultés et des étapes épuisantes toujours en compagnie de Yongden, après avoir franchi le Mékong sur un acrobatique “pont de cordes", après avoir abandonné yaks et bagages, elle atteint, déguisée en mendiante, en février 1924 la ville sainte de Lhassa… Enfin !

Elle regagne alors l’Europe, achète une maison à Digne qu’elle appelle “Samten Dzong” et où elle s’installe avec Yongden qui disparaitra en 1955 ; elle accueillera un peu plus tard Marie-Madeleine Peyronnet dite “la Tortue” qui sera sa fidèle secrétaire. Elle y écrira la plupart de ses livres dont certains la font connaître au grand public, en particulier le Voyage d’une Parisienne à Lhassa, sans cesse réédité depuis 1927.

Elle reste cependant animée par le désir profond de reprendre et poursuivre ses recherches sur le bouddhisme tibétain. Aussi en 1937, à 69 ans, elle part pour Pékin — cette fois par le Transsibérien, et en pleine guerre russo-japonaise retourne aux marches du Tibet, puis en Inde. Cette dernière expédition durera jusqu’en 1946 ; entre temps, elle aura appris la mort de son meilleur ami, c’est-à-dire son mari… Elle garde encore la soif de l’aventure  puisqu’à l’âge de cent ans et six mois, elle demandera au Préfet des Basses-Alpes le renouvellement de son passeport… Impérissable Alexandra…

Nous pouvons remercier Joëlle Désiré-Marchand de nous l’avoir fait revivre à la fois dans son quotidien, dans son émerveillement devant l’inconnu et dans sa quête perpétuelle de la spiritualité...

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dimanche 14 novembre 2010

KULTURICA

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Dans le cyberespace — « ensemble de données numérisées constituant un univers d’information et un milieu de communication, lié à l’interconnexion mondiale des ordinateurs », d'après le Petit Robert, le web quoi ! — une petite étoile commence à luire du côté de la galaxie culture : Kulturica, un site dédié à la culture classique.

Le site est de qualité, encore un peu léger mais prometteur… Au programme :

  • musique classique, en commençant par le commencement : Monteverdi, puis Vivaldi et puis c'est tout ! mais c'est de qualité (contenus, esthétique, ergonomie) et la suite semble en préparation (mais on n'est pas encore rendu à Berlioz). Des livrets sont accessibles.

  • beaux-arts, Michelangelo et El Greco pour l'instant et une pinacothèque pas très intéressante pour des raisons ergonomique puisqu'une fenêtre de petite taille s'ouvre, elle reste à cette taille lors du retour au site (Firefox sur Mac), ruinant la disposition précédente…

  • littérature : avec des présentation et même des éditions d'Homère, l'Iliade et l'Odyssée - Les Quatrains d'Omar Khayyam - La Vie est un songe de Calderòn de la Barca - Don Quichotte de Cervantès, rien que du beau monde

  • mathématiques, c'est plus inattendu mais incontestablement classique avec Pythagore et quelques présentations de démonstrations historiques.

  • mythologie grecque, l'une des sections qui semble la plus riche (il reste tout de même de quoi faire).

Un site prometteur, à lire et à approfondir… à relire dans un an lorsqu'il aura été plus copieusement garni…
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vendredi 12 novembre 2010

Virgile 1985

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Durant la nuit de la Toussaint, France Culture a rediffusé deux séquences (initialement proposées en 1985) d'environ quatre heures sur Virgile. Si vous êtes intéressés, vous pouvez les télécharger et les écouter à votre guise.

Virgile (1)

Émission diffusée le samedi 31 août 1985 de 19h15 à 23h55, produite par Jean Thibaudeau et Claude Moatti, et réalisée par Jean Taroni.

Avec des écrivains, notamment Borgès, Moravia, Ponge, Pinget, Edoardo Sanguinetti, Albert Kohn (le traducteur français de La mort de Virgile d'Hermann Broch), des universitaires parmi lesquels Ettore Paratore, Marcello Gigante, et Jean-Pierre Brisson, Pierre Grimal, Alain Michel, Jacques Perret.

I. Introduction. L'aéroport de Rome. Audere in proelia, par Francis Ponge. La vie de Virgile, par Donat. Virgile et son temps, par Jean-Paul Brisson et Pierre Grimal. La IIe Idylle de Théocrite et sa traduction par Chateaubriand. Syrinx, de Debussy.

II. Les Bucoliques. Présentation par Jacques Perret. La première Bucolique dans les traductions de Victor Hugo, Eugène Charrier et Clément Marot, avec Michel Gautier et Michel Chaillou. Le devin du village, de Jean-Jacques Rousseau.

III. La quatrième Eglogue et sa traduction par Victor Hugo. Virgile et le monde chrétien, causerie de T. S. Eliot pour la BBC (1951). La vie de Virgile, par Donat. Myrtho, de Nerval. Trio pour flûte, alto et harpe, de Debussy.

IV. Les Géorgiques. Le début, dans la traduction de Delille. Témoignage de Jacques Lachaud. L'épisode d'Aristé et Orphée, traduit par Victor Hugo. Extrait d'Orphée et Eurydice, de Gluck. Hésiode. Note sur la signature de Virgile.

V. Les trois premiers livres de l'Enéide. Fragments, traduction de Loïs de Masures, Segrais, Delille, Fontanes et Pierre Klossowski. Citations d'Augustin, Racine et Chateaubriand. Les Troyens, de Berlioz. Les dieux dans l'Enéide, par Jean-Paul Brisson.

Entracte avec Jean-Pierre Lefèvre

VI. La mort de Didon. Tragédie en trois actes d'après Segrais, par Christian Rist et les acteurs de Studio classique. Didon et Enée, de Purcell.

VII. Les jeux. Intervention de Richard Connolly. Une page du Virgile travesti, de Scarron. Final d'Orphée aux enfers, d'Offenbach.

Vous pouvez télécharger cette première nuit grâce aux liens suivants :
Virgile par Jean Thibaudeau et Claude Moatti_1 (31.08.85)_1.mp3
http://www.mediafire.com/?kbht5r92poo9b39

Virgile par Jean Thibaudeau et Claude Moatti_1 (31.08.85)_2.mp3
http://www.mediafire.com/?4i0g8akd2xw1sea
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Virgile (2)
Émission diffusée la première fois sur FC le dimanche 1er septembre 1985 de 19h15 à 23h55, produite par Jean Thibaudeau et Claude Moatti, et réalisée par Jacques Taroni.

I. Les Enfers comparés de Homère, Virgile, et Dante, par Edoardo Sanguinetti : traductions de Pierre Klossowski, musique de Purcell, Gluck, Tchaïkovski, Debussy.

II. Hommage à Jean Barraqué. Conclusion de Chant après chant. Témoignage d'André Hodeir. Passage de La mort de Virgile, de Hermann Broch.

III. Trois témoins de la Romania. Entretiens avec Francis Ponge, Alberto Moravia, Jorge Luis Borges.

IV. La guerre et la paix. Introduction du Livre VII de l'Enéide, par Ettore Paratore; dialogue du roman d'Enéas: les boucliers d'Achille et d'Enée.

V. Les combats. Le combat de Tancrède et Clorinde, de monteverdi. Citation de Claudel. Nisus et Euryale (traduction de Victor Hugo). La mort de Camille, par Claude Moatti d'après Jacques Perret. Mort de Turnus (traduction de Pierre Klossowski), avec Alain Michel et Philippe Heuze.

VI. Sur terre et en avion, avec R. Triboulet, G. Athen, M. Chaillou, A. Cuny, F. Gaillard, D. Grandmont, J. Lachaud, J-P. Lefèvre.

VII. Tombeau. Virgile ne voulait pas grandir, par J-P. Bisson. Virgile et le Moyen-Age, par J. Geard. Virgile et Naples, par M. Gigante. Final de La mort de Virgile, par A. Kohn. Virgile et la Renaissance, A. Michel. Portrait, par J. Perret. Apocryphe, par R. Pinget. Le moustique, par E. Sanguinetti. Vie de Donat et de Hugo. La chanson de Silène, La mort de César. Nerval. Delfica, par Julos Beaucarne. Quatrième églogue. Souvenir de voyage d'Alexandre Dumas. Variation en ut majeur K 265, de Mozart. Parker's mood, de Charlie Parker.

Vous pouvez télécharger cette seconde nuit grâce aux liens suivants :

Seconde partie

Virgile par Jean Thibaudeau et Claude Moatti_2 (01.09.85)_1.mp3
http://www.mediafire.com/?grsssqrgnbds79i

Virgile par Jean Thibaudeau et Claude Moatti_2 (01.09.85)_2.mp3
http://www.mediafire.com/?2s1sl5z8w34mjhn 

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J'ai pu réaliser ce billet grâce au travail réalisé par les membres de "A Ne Pas Rater" (ANPR). C'est une liste de diffusion qui vous invite à retrouver des émissions radiophoniques que vous auriez manquées, ou d'en proposer certaines qui vous ont séduits. Ce n'est pas à proprement parler un forum de discussion, mais chacun peut conseiller l'écoute d'une émission remarquable ou annoncer une autre qui lui paraît "à ne pas rater".
L'ANPR, c'est par là. (avec un compte Yahoo, vous pouvez consulter tous les messages reçus par cette liste depuis 1999)
Pour vous inscrire, un simple courriel "sans objet" à anpr-subscribe@yahoogroupes.fr suffit !

Une présentation de ANPR grâce à Nessie sur le "Forum d'auditeurs de France Culture", c'est par là.
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mercredi 3 novembre 2010

Sortie littéraire du 5 juin 2010 : Trois thébaïdes dans les Yvelines

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50 Budistes avaient répondu à l’appel de leur section pour une journée articulée autour du fameux Désert de Retz, enfin visitable pour les groupes après des décennies de fermeture et de dégradation. Un autre désert, celui de la Grâce, Port-Royal des Champs, s’imposait en contrepoint du précédent tandis que les fabriques de Groussay toute récentes faisaient rappel de celles de Retz. Un beau programme préparé et animé par Jean Nivet.

Le bémol est venu de l’attribution par Dunois d’un car de ramassage scolaire dépourvu de micro, ce qui a privé les participants des lectures habituelles faites par Geneviève Dadou et Marie-Hélène Viviani et des commentaires géographiques in situ. En compensation, un beau soleil nous a généreusement accompagnés tout au long du parcours.


Les Vaux-de-Cernay, à proximité du Restaurant « Chez Léopold », nous retenaient quelques moments, le temps de parler du Hurepoix, constitué de morceaux de Beauce, d’espaces forestiers, de vallées profondes et parfois marécageuses et d’évoquer, à travers Marcelle Tynaire, et son roman « La Rebelle », le rendez-vous traditionnel des artistes en ces lieux frais et verdoyants. Un coup d’œil au château de Dampierre, une montée laborieuse des « 17 tournants » derrière des cyclistes à bout de souffle, et nous voilà aux Granges de Port-Royal d’où nous dominons le site de l’abbaye rasée en 1709 et la vallée du Rhodon.

Face à cette vue superbe et à l’ombre d’un chêne, Jean Nivet qui a dû jusque là réfréner ses commentaires, rattrape le temps perdu en rappelant l’histoire de mère Angélique, des Messieurs de Port-Royal, des Jansénistes et de la persécution finale de Louis XIV tandis que nos lectrices jalonnent ce récit de maints beaux textes. Les Petites Écoles, transformées en musée, sont encore pleines du souvenir de Racine et de ses illustres professeurs ; les peintures de Philippe de Champaigne y présentent les principaux Solitaires. Dans la cour de la ferme attenante, trône le fameux puits de Pascal dont le treuil est calculé pour remonter de 60m sans fatigue un seau de plus de 100 litres.

Le Relais de Voisins (le Bretonneux) est là tout proche pour répondre, et bien répondre, à l’appel des estomacs avant que nous rejoignions ce qui doit être le « must » de la journée, le Désert de Retz sur la commune de Chambourcy, en bordure de la forêt de Marly. Au bout d’une longue route étroite en impasse, une grille cadenassée nous est ouverte par le président des Amis de Retz, personne fort diserte qui, sous les frondaisons, évoque l’histoire du lieu. Édifié au XVIII° siècle, par un hédoniste, François de Monville, qui y habitait une colonne tronquée, et devenu fort célèbre par sa vingtaine de fabriques à la mode du jour, Retz passa tout au long du XIX° et jusqu’après la seconde guerre mondiale, de main en main jusqu’à son rachat récent par la municipalité de Chambourcy qui s’engagea à le réhabiliter. En effet, sans entretien, le parc était devenu une jungle et les fabriques étaient, pour la plupart gravement dégradées, voire détruites. La situation a été redressée en partie. Le parc a retrouvé le charme de ses grands arbres dont l’ombre était la bienvenue sous la forte chaleur. Mais les fabriques subsistantes, comme la colonne tronquée ou la tente tartare, ont plutôt déçu les excursionnistes que le mystère entretenu autour de Retz, avait appâtés.


Heureusement, le château de Groussay, aux lisières de Montfort-l’Amaury, nous présentait un parc avec des fabriques quasi neuves, réalisées dans les années 50 par un richissime dandy, Charles de Beistegui, qui recevait le Tout- Paris dans des fêtes mémorables ou pour des spectacles dans un petit théâtre à l’italienne, reconstitué lui aussi. Après sa mort et la dispersion des œuvres d’art, le domaine est racheté par un producteur de télévision et ouvert au public. Ainsi avons-nous pu nous promener, après être passés par un beau potager, parmi ces fabriques : la tente mongole (inspirée de la tente tartare de Retz), le pont vénitien, le cénotaphe romain, la pagode chinoise, celle-ci fraîchement restaurée au milieu d’un étang. Pour terminer par le délicieux théâtre où un Budiste de talent déclama des vers pour en tester l’acoustique.

Il fallait bien s’arracher à la beauté des lieux et à la douceur de l’atmosphère pour retrouver nos pénates orléanaises, dans le soir déclinant.
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Billet sur le même sujet avec des enregistrements sonores et des photos.
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samedi 30 octobre 2010

Un nouveau livre de notre président…

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Notre président Alain Malissard vient de publier
Tu penses à quoi, Papy ? Plaisirs et tracas d’un grand-père d’aujourd’hui.
éditions L’Harmattan, 146 p., 13,30 €
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Présentation de l’ouvrage :
Jean-Claude Amblard, moderne septuagénaire, veut bien être grand-père, mais ne veut pas être un papy. À travers de petites scènes de la vie quotidienne d’aujourd’hui et d’autrefois, ordinateur, iPod, 4 cv Renault, bains-douches, produits cosmétiques en tous genres, douleurs et analyses de sang, musiques actuelles et chansons de naguère sont passés au crible du regard aiguisé de ce doyen d’une famille recomposée. On suit avec amusement sa quête d’un yaourt au supermarché, on est ému avec lui à l’évocation d’une orange américaine qui vole dans le ciel de juin 44 et on rit presque en connivence des critiques de ses petits-enfants face à sa résistance au téléphone portable et aux tics de notre époque.
Une série de petits textes souvent drôles, qui donnent à chaque fois le point de vue du Papy et celui du monde qui l’entoure.
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L’opinion de Jean-Marie Barnaud :
« Il y a tout, là, dans ce livre, de ce qu'on pourrait se souhaiter de meilleur, à soi et aux autres, et y compris une sagesse à l'antique, je veux dire de celles qui sont à la fois acceptation du temps, amour de la vie, et en même temps distance d'humour, très belle pudeur... et puis aussi cruauté implicite et objective, qui ne s'en laisse pas compter, et qui révèle la distance irréductible qu'il y a en chacun de nous entre les autres et soi : les autres les plus proches, leur apparente insouciance, leurs adhésions aux "valeurs" du temps, qui parfois heurtent (et, chez les plus étrangers, leur fascination pour les modes) : celle des petits enfants par exemple, qui tranchent de tout sans malice ni méchanceté, mais qui tranchent, et qui par la même vous excluent de leur monde. »
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On pourra rencontrer Alain Malissard le samedi 20 novembre à partir de 17 h 30 à la librairie Les Temps Modernes, 57 rue Notre-Dame-de-Recouvrance.
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mercredi 27 octobre 2010

L'Iliade - Textes fondateurs revisités

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Tout un monde" (tous les dimanches de 15 à 16 heures sur France Culture) présentera dimanche prochain (31/10) une émission intitulée L'Iliade. Deux invités seront présents : Jean-Pierre Siméon que nous avons accueilli le 8 février 2006 et Philippe Brunet, animateur avec François Cam de la Compagnie Démodocos.



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mercredi 20 octobre 2010

Approches récentes de Guillaume Budé (1468-1540)

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Une table ronde intitulée :
Approches récentes de Guillaume Budé 
(1468-1540)
Histoire, philologie et rhétorique de l'humanisme français

aura lieu lundi 8 novembre 2010 de 14 à 18 h 30
à l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - IRHT

Avec la participation de :
  • Sylvie LE CLECH-CHARTON (Archives nationales de Fontainebleau et UMR Artéis),
  • Louise KATZ (EPHE – IVe section),
  • Olivier PEDEFLOUS (Fondation Thiers),
  • Mireille HUCHON (Univ. Paris-Sorbonne – Paris IV, sous réserve),
  • Laurent CANTAGREL (Univ. Humboldt, Berlin, sous réserve),
  • Luigi-Alberto SANCHI (IRHT),
  • Marie-Élisabeth BOUTROUE (IRHT).
40 avenue d’Iéna, Paris – Salle J. Vielliard
M° Iéna (ligne 9) ou arrêt Iéna des bus 32, 63 et 82
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jeudi 7 octobre 2010

Colloque "Artistes en correspondance"

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Un colloque
ARTISTES EN CORRESPONDANCE

se tiendra au Musée des Beaux-Arts d’Orléans
le jeudi 14 octobre et le vendredi 15 octobre 2010

Comité scientifique et d’organisation : 
  • Geneviève Haroche Bouzinac, professeur à l’Université d’Orléans, directrice de la Revue Epistolaire 
  • Isabelle Klinka-Ballesteros, conservateur en chef du Musée des Beaux-Arts d’Orléans
  • Sylvain Bellenger, conservateur en chef du Patrimoine.
Avec la participation de Jean-Loup Champion et de Bénédicte Obitz, dr de l'Université d'Orléans.

Programme
  • Jeudi 14 octobre à 10 heuresJean-Jacques Tatin-Gourier (Université de Tours), Pratiques artistiques et mises en scène de l'intimité dans les Lettres à Bettine de Vivant Denon • Sylvain Bellenger (conservateur en chef du Patrimoine), Interroger les correspondances en archives : les cas de Girodet et de Félicie de Fauveau • Mehdi Korchane (dr de l’Université de Paris-IV), Pierre Guérin et Pierre David : une correspondance élégiaque, de Rome au Levant (1804-1829) • Barthelemy Jobert (Université de Paris-IV), Delacroix écrivain : quelle place pour la correspondance ?  

  • Jeudi 14 octobre à 14 heures • Thierry Laugée (Centre André-Chastel, Paris-IV), Philippe Burty et ce qu'il ne fallait pas lire de la correspondance d'Eugène Delacroix • Laetitia Levantis (Université de Grenoble-II), Le goût pour l'architecture gothique à travers la correspondance d'Hubert Rohault de Fleury en Italie (1805) • Sylvie Crinquand (Université de Dijon), "Voir et être vu" : les lettres de John Constable à C. R. Leslie (1826-1837) • Marie-Hélène Rybicki (Université de Potsdam) “Ognuno ha i suoi segreti”. Les coulisses de la célébrité à travers la correspondance de Niccolò Paganini  

  • Vendredi 15 octobre à 10 heures • Véronique Mattiussi (Archives du Musée Rodin) Rodin dans ses écrits (“mes moyens naturels sont la terre et le crayon”) • Jean-Loup Champion (directeur de collection, éditions Gallimard) Le philosophe et le sculpteur : correspondance d'Alain et d'Henry de Waroquier, 1937-1938 • Brigitte Diaz (Université de Caen) La Lettre à l'œuvre, lettres d'Eugène Fromentin • Mathilde Assier (Universités Paris-Madrid, Dte)Federico de Madrazo et ses correspondants français : stratégies d'insertion et transferts culturels • Claire Maingon (Université de Rouen) Henri-Edmond Cross et Maurice Denis : une amitié épistolaire méconnue; regard croisé entre symbolisme et néo-impressionnisme 

  • Vendredi 15 octobre à 14 heures • Laura Gutman-Hanhivaara (Fondation finlandaise pour la Culture), Henry de Vallombreuse, l'ami parisien, 1887-1915 • Valérie Verhack (Musées royaux de Belgique) Jules Schmalzigaug (1882-1917), futuriste belge • Benoît Decron (Musée Soulages) Gaston Chaissac épistolier • Marc Decimo (Université d'Orléans) Marcel Duchamp : le refus pris à la lettre
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mardi 5 octobre 2010

Des humanistes modernes à Orléans - L'association Guillaume Budé

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Cette émission a été diffusée ce matin dans la cadre de la Fabrique de l’Histoire sur France Culture.

Pour l’écouter, c’est par là : depuis le site de la Fabrique de l’Histoire et pendant un (bon) mois ;

Si vous ne l'avez pas podcastée, vous pouvez la télécharger pour ensuite l’écouter à loisir… sur votre ordinateur (ou votre baladeur). Dans ce cas, c'est par ici. (une fois sur la page de Mediafire, cliquer sur "Click here to start download.."

Bonne écoute…
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Podcast - Diffusion pour baladeur - Balado-diffusion

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Ce mot est une contraction d'iPod (le baladeur vedette d'Apple) et de broadcast (diffusion ou émission, en anglais). C’est une technique qui permet de diffuser grâce à Internet des séquences audio ou vidéo, sous forme de fichiers numériques. Ceux-ci peuvent être téléchargés, puis écoutés ou visionnés, sur un ordinateur (ou baladeur numérique de type iPod).

Trois termes permettent d’exprimer le même concept :
  • Diffusion pour baladeur (terme officiel en France) ;
  • baladodiffusion (au Québec) ;
  • podcasting (en anglais).

Concrètement la balladodiffusion permet d’automatiser le téléchargement d’émissions sonores ou vidéo et d’écouter les émissions en différé

Pour écouter à votre guise une émission, il vous faut :
  • un équipement informatique (si vous lisez ce texte sur votre ordinateur grâce à Internet, vous possédez l’essentiel) ;
  • s’y s’abonner, c’est-à-dire trouver le podcast ;
  • la télécharger ;
  • l’écouter.

Pour s’abonner, il faut repérer le podcast désiré, prenons l’exemple qui actuellement nous intéresse : l’abonnement à “La Fabrique de l’Histoire”, émission de radio sur France Culture. (Vous pouvez aisément étendre cet exemple aux autres émissions autres radios)

Allons sur le site web de France Culture, cliquons sur Podcasts (sur le bandeau noir vers la droite), cliquons sur la lettre F, ce clic nous conduit à La Fabrique de l’Histoire, cliquons encore sur ce titre. Nous avons atteint notre but : la page où nous est proposé l’abonnement au podcast de cette émission. 

Vous voyez que cinq méthodes vous sont proposées, choisissez celle que vous préférez, elle vous sera expliquée après un clic sur l’icône choisie. Personnellement j’utilise depuis des années iTunes et je ne connais pas les autres qui doivent toutefois parfaitement fonctionner puisque Radio France nous les propose.

Si vous faites le même choix que moi, vous devrez, à un moment ou un autre, télécharger iTunes (sauf si vous avez un MacIntosh sur lequel il est toujours installé). Quand vous aurez cliqué sur l’icône de votre lecteur favori, le dernier podcast de l’émission se téléchargera tout seul, parfois on nous propose de télécharger des émissions antérieures (rarement sur France Culture). Puis, lorsqu'elle sera mise en ligne, la prochaine émission se téléchargera jusqu'à ce que vous vous désabonniez de ce podcast.

Il vous reste à l’écouter : sur iTunes, cliquez deux fois sur l’émission… et bonne écoute (que vous pouvez interrompre, reprendre, réécouter…). Vous pouvez aussi placer le fichier sur un baladeur, si vous en possédez un, et écouter l'émission (ou la musique) en vous baladant, c'est très tendance…

Pour aller plus loin :

Si ce texte ne répond pas à vos interrogations, vous pouvez poser des questions, soit en cliquant sur le lien «0 commentaire», ci-dessous, soit en écrivant sur notre liste de diffusion.
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lundi 4 octobre 2010

Séance de rentrée — Le voyage de Chateaubriand en Amérique

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Le jeudi 23 septembre a eu lieu la traditionnelle séance de rentrée qui a débuté par un hommage à l’une des grandes figures de notre section : Lionel MARMIN décédé le 12 août qui fut président pendant plus de 20 ans, de 1965 à 1989. Son successeur Alain MALISSARD, très ému, en présence de son épouse et devant une assistance recueillie, a évoqué sa personnalité et la place qu’il a tenue dans la ville d’Orléans. Arrivé d’Angers en 1956 pour assurer les fonctions de Secrétaire Général de la Mairie, Lionel MARMIN s’est impliqué aussitôt dans la vie culturelle de la cité, nouant de solides amitiés avec des hommes de valeur, comme Roger SECRETAIN, René BERTHELOT ou Jacques BOUDET. Succédant au Président-fondateur Germain MARTIN, il a fait connaître Budé au grand public, d’une part en appelant des conférenciers de renom, tels Pierre CLARAC, Fernand ROBERT, Pierre GRIMAL, Jacques LACARRIERE, le Recteur ANTOINE, Pierre-Aimé TOUCHARD ou Jacqueline DE ROMILLY, de l’autre en ouvrant l’éventail des sujets et des thèmes au profit d’un humanisme élargi. Sa grande curiosité, son éclectisme — et aussi le fait qu’il n’était pas un universitaire — ont permis à notre association de ne pas céder à l’élitisme, ni au conservatisme que l’on reproche parfois (et à tort ! ) aux défenseurs inconditionnels de la culture classique.

Alain Malissard a fait ensuite le bilan de la Saison écoulée : 9 conférences (la dernière étant “Rome et la Grèce vues pas Simone Weil” par Géraldi LEROY) un entretien sur la lecture (avec Alberto MANGUEL), une lecture animée (“L’Iliade et les femmes”) et la sortie littéraire de juin (Deux “déserts” en Yvelines Retz et Port-Royal, sous la conduite de Jean NIVET. La nouveauté a été “l’opération César” en collaboration avec le C.D.N., qui a permis aux budistes d’assister à la représentation du “Julius Caesar” de Shakespeare dans la mise en scène d’Arthur NAUZYCIEL.

Il faut signaler aussi quelques changements : le compte-rendu financier a été présenté sous la forme d’un tableau sur écran, travail de la nouvelle trésorière Élisabeth PORTHAULT, assistée de Madeleine SERRES chargée de la diffusion. À cette occasion, le Président a renouvelé ses remerciements à l’ancienne équipe : Pierrette MADÈRE et Pierre NAVIER — ce dernier ayant cumulé pendant plus de dix ans les fonctions de trésorier, d’archiviste et d’ingénieur du son.

Avant d’aborder la lecture du programme de la Saison 2010/11 (que les budistes découvriront, d’abord dans le nouveau bulletin dit “Budéscop”, et — pour les “branchés” de plus en plus nombreux  — sur la toile, dont le site local a été tout récemment rénové par notre précieux maître-toilier Claude VIVIANI), avec une certaine émotion, partagée avec tristesse par l’assistance, Alain Malissard a annoncé que le récent voyage aux États-Unis, le vingtième, était aussi le dernier… Une bonne nouvelle pour finir : notre section sera à l’honneur. France Culture, pour son émission “la fabrique de l’histoire” (d’Emmanuel Laurentin) dans le cadre de la Semaine sur la Culture classique, est venue interviewer le Bureau sur les activités de notre association locale (que l’on pourra écouter le mardi 5 octobre à 9 h 05…)
En écho à la conférence d’octobre dernier qui nous avait conduit vers une Amérique “à la romaine”, nous avons découvert en contrepoint la vision d’une Amérique antérieure, plus sauvage, plus exotique et sans doute plus poétique. Vision révélée par
Le voyage en Amérique de CHATEAUBRIAND
Notre guide a été
Marie-Hélène VIVIANI, professeur de Lettres honoraire
qui a souligné d’emblée l’importance de ce voyage, tout compte fait assez court, puisqu’il a lieu du 7 avril 1791 au 2 janvier 1792, mais qui a marqué toute son œuvre et dont le récit va constituer son “chant du Nouveau Monde”.

Dans un premier temps ont été analysées les raisons qui ont motivé ce voyage : la première est d’ordre politique. Après avoir eu quelque sympathie pour les idéaux de la Révolution, le jeune vicomte François-René est vite horrifié par les exactions de juillet 89 et songe immédiatement à l’exil. La seconde raison est d’ordre économique : obscur cadet de Bretagne sans fortune, avec sa maigre solde de sous-lieutenant et ses dettes de jeu, et en même temps fils de corsaire marqué par sa jeunesse malouine, il se sent attiré vers les pays neufs. Une rencontre sera décisive, celle avec M. de Malesherbes, l’ami de Rousseau et des Encyclopédistes qui lui parle de l’Amérique, lui fait lire Bernardin de Saint-Pierre et l’Abbé Raynal, l’encourage dans son “rêve américain” : celui de découvrir le passage du Nord-Ouest entre Atlantique et Pacifique et va même l’aider à préparer son itinéraire.

Le 8 avril 1791 Chateaubriand embarque de Saint Malo sur un brigantin de 160 tonneaux — la traversée ayant été payée par son frère Jean-Baptiste — en direction de Terre-Neuve, exactement à l’île de St Pierre qu’il atteint le 23 mai.

C’est alors que M.H Viviani aborde le second point — crucial et sujet à controverse : comment distinguer la fiction de la réalité dans le récit du Voyage en Amérique ? A-t-il réellement vu la terre américaine qu’il décrit? Question que posait déjà Raymond Lebègue en 1965… et qu’avaient dû déjà poser certains des lecteurs de 1830 parfois réservés sur la sincérité de l’auteur… Nous avons eu sous les yeux une carte de l’Amérique où trois itinéraires étaient indiqués : l’un certain, un autre probable, un troisième incertain. La vérité est que Chateaubriand relate ses pérégrinations 35 ans après, sans avoir tenu de journal, qu’il mêle à des souvenirs lointains des impressions subjectives et de nombreuses lectures des voyageurs qui l’ont précédé et qu’il a amplement compilées. S’il a a réellement partagé quelque temps la vie d’une tribu indienne, s’il a vu les chutes du Niagara, peut-être les rives de l’Ohio, en tout cas il n’a pas vu celles du Mississippi, ni la Louisiane. Mais il a bien ressenti la présence des “déserts américains, la nature vierge des forêts, des lacs, des fleuves et des savanes” — impressions majeures qui vont fournir “la matrice des œuvres inspirées par l’Amérique”.

M.H. Viviani a ensuite passé en revue les souvenirs recomposés de ce voyage initiatique ; on peut, entre autres, retenir la fameuse visite de Chateaubriand à Washington : a-t-elle eu réellement lieu ? Certains témoignages l’infirment ; de toute façon, l’écrivain en montre une image symbolique, et conforme à son orgueil. Un autre exemple : son expérience de la vie sauvage chez les Indiens Onondagas. Il constate honnêtement que “l’état de nature”, même si celui-ci inspire des scènes charmantes, s’est sensiblement dégradé ; il le raconte avec humour dans l’épisode inattendu de ”Monsieur Violet, maître de danse chez les Iroquois”. Cela dit, la beauté de la nature l’emporte sur tout et c’est le message que l’écrivain veut faire passer dans les ouvrages inspirés par son séjour outre-Atlantique, d’abord dans Atala, roman sentimental qui vaut surtout par la description d’un décor édénique, et dans Les Natchez, histoire d’une tribu qu’il a effectivement rencontrée, dont il relate la vie quotidienne, dont il vante l’hospitalité, sans parler de la beauté des femmes indiennes auxquelles il ne peut rester insensible.


Notre guide se devait d’évoquer, pour conclure, la postérité de ce Voyage en Amérique. Les lecteurs de 1830 ont fait le succès d’Atala et des Natchez (intégrés au Génie du Christianisme). Cependant Chateaubriand n’est pas que le chantre de l’exotisme et du pittoresque, il est aussi le témoin de la naissance d’une nation ; il a fort bien vu la nouveauté du gouvernement démocratique des États-Unis, l’essor de leur technologie, tout en dénonçant les dangers de la colonisation et les futurs problèmes liés à l’esclavage : en somme il a annoncé Tocqueville. Et, de nos jours la reconnaissance des qualités de l’écrivain sont unanimes. “Qui n’a pas été séduit par la voix du barde exaltant la nature américaine, comme s’il avait donné naissance au premier matin du monde ? “…

S’il est vrai que l’on peut prendre Chateaubriand en flagrant délit de mensonge — et les critiques ne s’en sont pas privés — cela ne changera rien de son génie. Et pour montrer qu’il a su “mêler fiction et réalité pour nous procurer un des plus grands plaisirs de lecture qui soient”, M.H Viviani a lu in fine ”le beau spectacle d’une nuit dans les déserts du Nouveau Monde”… L’assistance écoutait dans le silence “les roulements solennels de la cataracte du Niagara”… captivée par les rythmes de la prose impeccable du Grand Sachem du Romantisme.
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dimanche 3 octobre 2010

Visite au musée Stéphane Mallarmé au pont de Valvins à Vulaines sur Seine (77)

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Ces jours derniers, l'envie nous est venue de prendre la route de Fontainebleau pour rejoindre la maison que le poète Stephane Mallarmé prit en location, à partir de 1874. Professeur d'anglais à Paris, il venait y faire de nombreux séjours, pendant ses mois de vacances, jouissant de "cette retraite de clarté et d'arbres". C'est aussi la demeure qui recueillit  le dernier souffle du poète le 9 septembre 1898.

À Vulaines-sur-Seine au pont de Valvins, la maison-musée, petite propriété située en retrait du village, offre un moment de plaisir champêtre au promeneur en quête d'empreintes d'écrivains. Vieille maison paysanne, elle fut le refuge choisi par le poète, pressé de quitter son appartement parisien dès le beau temps venu.

En arrivant à 11 heures, nous étions les seuls visiteurs à pousser la grille et à franchir le seuil du home mallarméen. La lumière d'automne jouait sur les eaux de la Seine qu'aimait tant l'écrivain "épris de navigation fluviale" car  il prenait soin de sa yole d'acajou dansant au fil de l'eau : "J'honore la rivière qui laisse s'engouffrer dans  son eau des journées entières sans qu'on ait l'impression de les avoir perdues" (à Verlaine ). De sa chambre située au premier étage, il voyait s'écouler les ondes comme le flux profond de la vie. Il flânait dans les sous-bois de la forêt de Fontainebleau : "les antiques futaies" qui accueillaient les artistes tant peintres que poètes dont beaucoup devinrent ses amis.  

Paul Fort écrit que Mallarmé  "était l'enchanteur Merlin de cette forêt de Brocéliande, cernée de bardes et de muses"

Ce début d'automne doucement ensoleillé nous a conduits dans le jardin, si attirant avec ses allées bordées de mille fleurs  aux tons déjà fanés, doucement parfumés. Voici le verger ; les pommiers surchargés de fruits invitaient à la cueillette. Permission de croquer la pomme ! ce que je n'ai pas fait, sans doute parce que nous étions invités à le faire. Je  préférais regarder les fruits rouges, rebondis, éclatés, tacher le vert gazon de leurs tons mordorées et songer à la fuite du temps. Tables et chaises  dispersés ça et là nous invitaient à une pause lecture ou à la rêverie… J'imaginais M. le professeur en tablier de jardinier occupé à soignes ses rosiers dans un bain de verdure : "Tous les matins, je me promène sécateur à la main et fais leur toilette aux fleurs, avant la mienne."  

Nous avons visité la maison de bas en haut et pieusement respiré les effluves mallarméennes discrètement répandues dans chaque pièce où tout rappelle le poète symboliste, sa femme et leur fille Geneviève. Atmosphère intime créée par les meubles et objets choisis, tous sobres et de bon goût : le buffet aux assiettes, la fameuse table des mardis littéraires, la tabatière et la pendule de Saxe. Le cabinet japonais de l'écrivain, sa bibliothèque anglaise nous parlent de ses goûts en matière littéraire. Par amour pour Edgar Allan Poe, le jeune Stéphane apprit l'anglais pour traduire les Histoires extraordinaires. Le châle offert par Méry Laurent négligemment posé sur le dossier d'un fauteuil, évoque un amour défunt, des photographies ornent les murs et l'on se plaît à sonder ces visages que le poète aimait. Tout un monde perdu et retrouvé.

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”Histoire de la culture classique”

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La Fabrique de l’Histoire (du lundi au vendredi, de 9 h 05 à 10 h, sur France Culture) aura pour thème cette semaine, du 4 au 7 octobre :
Histoire de la culture classique


Mardi, la seconde émission de cette semaine sera consacrée à notre association sous le titre : “Des humanistes modernes à Orléans - L'association Guillaume Budé”, un documentaire de Séverine Liatard et Charlotte Roux. Mais le sujet de cette semaine nous intéresse particulièrement puisque la promotion de la culture classique est notre principal objectif. 

Voici le programme :


• Lundi 4 octobre à 9 h 05 avec la venue d’un grand témoin : 
Gérard Oberlé
Gérard Oberlé est libraire, éditeur, écrivain, son dernier livre : Mémoires de Marc-Antoine Muret (Grasset, 2009). [À voix nue, autre émission de France Culture consacra récemment une semaine à Gérard Oberlé (voir pouvez encore écouter ces cinq émissions : Tous les podcasts - à voix nue : du 30.08.2010 au 03.10.2010]

• Mercredi 6 octobre : À l'occasion de la sortie française du Dictionnaire des sentences latines et grecques dirigé par Renzo Tosi, la Fabrique de l'histoire consacre une émission à l'histoire de ces proverbes, leur origine, leur façon de traduire le réel et la manière dont ils ont forgé nos mentalités et sont utilisés de nos jours.

Invités : 
  • Alain Rey, linguiste et lexicographe 
  • Jean-Yves Boriaud, professeur de littérature latine à l'université de Nantes.

• Jeudi 7 octobre : Débat historiographique
À l'occasion de la réforme du CAPES de lettres classiques, ce débat revient sur l'histoire de l'enseignement des langues mortes en France et les conséquences de cette réforme qui a déjà donné lieu à une lettre de démission collective d'une partie du jury de Capes au mois de juillet. Pourquoi faut-il sauver l'enseignement du grec et du latin à l'école publique ?

Invités :
  • Christophe Pébarthe, maître de conférences en histoire grecque à l'université Paris 8. 
  • Philippe Cibois, professeur émérite de sociologie au Laboratoire Printemps de l'université de Versailles St-Quentin en Yvelines. 
  • Sylvie Pédroarena, présidente de CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes). 
  • Josette Théophile, directrice générale des ressources humaines (DGRH) du ministère de l'Education nationale et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Bonne écoute !

Note : Vous pouvez trouver sur d'autres billets de ce blog des explications pour écouter ces émissions.
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samedi 2 octobre 2010

Hommage à Pierre Ségelle

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Nous avons assisté ce matin, salle des Chats Ferrés, à un Hommage des Orléanais à Pierre Ségelle.


Beau moment d'histoire, placé sous la présidence d'honneur de Maurice Rebillon, président de l'amicale du Loiret des anciens déportés internés et familles. Nous avons pris connaissance de la vie de ce médecin qui devint résistant, puis fut déporté (période évoquée par Michel Lesseur, président d'honneur du Cercle Jean Zay). À la libération, il a été élu député et le resta durant toute la IVe République (Gérard Lauvergeon, historien, secrétaire de Guillaume Budé Orléans examina les activités du député), puis nommé deux fois ministre pendant cette période — peu de temps, il est vrai : 39 + 101 jours — (moment retracé par Jean-Pierre Sueur, Sénateur du Loiret) enfin il devint maire d'Orléans de 1954 à 1959 (Serge Grouard, Maire d'Orléans, nous rappela ce mandat). Jean-Pierre Percelin conclut cet hommage en lisant un message de Louis Garnier, président d'honneur de l'amicale des anciens déportés de Dora - Ellrich (camps que connut Pierre Ségelle).

Après ces communications, une gerbe fut déposée devant la plaque placée en mémoire de Pierre Ségelle devant le bâtiment de la sécurité sociale, place de Gaulle.

Vous pouvez télécharger l'enregistrement sonore de cet "Hommage à Pierre Ségelle".
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vendredi 1 octobre 2010

Écouter la radio… sans poste

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Au moment où une émission de France Culture est consacrée à notre association, voyons comment écouter la radio au XXIe siècle.

Au siècle dernier fut inventée la radio (TSF). Le poste de radio trôna à la meilleure place de la maison, avant que la télévision ne le détrône. Puis elle fut écoutée en différé grâce, par exemple aux cassettes « audio ». Aujourd’hui, nos ordinateurs reliés à Internet nous permettent d’aller plus loin que d’écouter des cassettes que nous avons enregistrées ou que nous avons achetées.

Alors quoi de neuf pour écouter la radio ? Le couple ordinateur et internet.


Écouter en direct
Nous pouvons écouter pratiquement toutes les radios du monde grâce à Internet. Il suffit de faire une recherche sur Google* (entre autres moteurs de recherches) en tapant le nom d'une station. Lorsque vous êtes sur le site de la radio : cliquer sur une phrase (ou une image) du type « écouter le direct » (France-Inter ou Culture), ou une grosse flèche (FranceInfo), comme celle permettant de démarrer une cassette. Ce type d’écoute s’appelle le « streaming », en français : diffusion en flux.

Exemple : accédez à la page d’accueil de « France Culture », puis cliquez sur l’image « écoutez France Culture ». Si vous n’entendez rien, pensez à monter le son de votre ordinateur**. (Un léger décalage dans le temps — quelques secondes de retard pour la « webradio » — est perceptible par rapport au son d’un poste de radio.)

Donc lorsque le poste de radio (traditionnel) n’est pas dans la pièce où vous surfer sur le web, vous pouvez tout même écouter la radio… (Noter qu’il existe des postes radios internet qui permettent d’écouter les radios du monde entier, grâce à votre installation Wifi (quelques exemples).


Écouter en différé
Faisons une autre hypothèse : vous venez de vous rappeler que vous deviez écouter une émission consacrée à X, votre idole, il y a deux heures, Zut ! ratée… Mais non, pas de problème… connectez vous sur le site de la radio qui la diffusait… et cherchez un peu, un peu quoi ? « réécoute » en général ou un terme proche, j’en passe et des meilleurs, mais là, vous touchez au but… il est possible donc de réécouter une émission loupée en direct durant une semaine ou un mois après son passage.

Vous pouvez aussi télécharger sur votre ordinateur le fichier d’une émission qui passe tous les jours ou toutes les semaines, afin de la conserver dans votre ordinateur et l’écouter au moment où vous le voulez. La solution c’est le podcast. « Podcast, vous avez dit podcast »… ce sera l’objet du billet suivant…


Notes :

* vous pouvez compléter votre information avec l’Annuaire de la radio, portail non-commercial  sur les sites radiophoniques français. En particulier les sites de toutes les radios françaises y sont recensés.

** Des écouteurs, un casque ou un kit d’enceintes permettent d’améliorer notablement la qualité sonore de votre ordinateur (pour un investissement modique : beaucoup moins de 100 €)

Si ce texte ne répond pas à vos interrogations, vous pouvez poser des questions, soit en cliquant sur le lien «0 commentaire», ci-dessous, soit en écrivant sur notre liste de diffusion.
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