mercredi 3 novembre 2010

Sortie littéraire du 5 juin 2010 : Trois thébaïdes dans les Yvelines

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50 Budistes avaient répondu à l’appel de leur section pour une journée articulée autour du fameux Désert de Retz, enfin visitable pour les groupes après des décennies de fermeture et de dégradation. Un autre désert, celui de la Grâce, Port-Royal des Champs, s’imposait en contrepoint du précédent tandis que les fabriques de Groussay toute récentes faisaient rappel de celles de Retz. Un beau programme préparé et animé par Jean Nivet.

Le bémol est venu de l’attribution par Dunois d’un car de ramassage scolaire dépourvu de micro, ce qui a privé les participants des lectures habituelles faites par Geneviève Dadou et Marie-Hélène Viviani et des commentaires géographiques in situ. En compensation, un beau soleil nous a généreusement accompagnés tout au long du parcours.


Les Vaux-de-Cernay, à proximité du Restaurant « Chez Léopold », nous retenaient quelques moments, le temps de parler du Hurepoix, constitué de morceaux de Beauce, d’espaces forestiers, de vallées profondes et parfois marécageuses et d’évoquer, à travers Marcelle Tynaire, et son roman « La Rebelle », le rendez-vous traditionnel des artistes en ces lieux frais et verdoyants. Un coup d’œil au château de Dampierre, une montée laborieuse des « 17 tournants » derrière des cyclistes à bout de souffle, et nous voilà aux Granges de Port-Royal d’où nous dominons le site de l’abbaye rasée en 1709 et la vallée du Rhodon.

Face à cette vue superbe et à l’ombre d’un chêne, Jean Nivet qui a dû jusque là réfréner ses commentaires, rattrape le temps perdu en rappelant l’histoire de mère Angélique, des Messieurs de Port-Royal, des Jansénistes et de la persécution finale de Louis XIV tandis que nos lectrices jalonnent ce récit de maints beaux textes. Les Petites Écoles, transformées en musée, sont encore pleines du souvenir de Racine et de ses illustres professeurs ; les peintures de Philippe de Champaigne y présentent les principaux Solitaires. Dans la cour de la ferme attenante, trône le fameux puits de Pascal dont le treuil est calculé pour remonter de 60m sans fatigue un seau de plus de 100 litres.

Le Relais de Voisins (le Bretonneux) est là tout proche pour répondre, et bien répondre, à l’appel des estomacs avant que nous rejoignions ce qui doit être le « must » de la journée, le Désert de Retz sur la commune de Chambourcy, en bordure de la forêt de Marly. Au bout d’une longue route étroite en impasse, une grille cadenassée nous est ouverte par le président des Amis de Retz, personne fort diserte qui, sous les frondaisons, évoque l’histoire du lieu. Édifié au XVIII° siècle, par un hédoniste, François de Monville, qui y habitait une colonne tronquée, et devenu fort célèbre par sa vingtaine de fabriques à la mode du jour, Retz passa tout au long du XIX° et jusqu’après la seconde guerre mondiale, de main en main jusqu’à son rachat récent par la municipalité de Chambourcy qui s’engagea à le réhabiliter. En effet, sans entretien, le parc était devenu une jungle et les fabriques étaient, pour la plupart gravement dégradées, voire détruites. La situation a été redressée en partie. Le parc a retrouvé le charme de ses grands arbres dont l’ombre était la bienvenue sous la forte chaleur. Mais les fabriques subsistantes, comme la colonne tronquée ou la tente tartare, ont plutôt déçu les excursionnistes que le mystère entretenu autour de Retz, avait appâtés.


Heureusement, le château de Groussay, aux lisières de Montfort-l’Amaury, nous présentait un parc avec des fabriques quasi neuves, réalisées dans les années 50 par un richissime dandy, Charles de Beistegui, qui recevait le Tout- Paris dans des fêtes mémorables ou pour des spectacles dans un petit théâtre à l’italienne, reconstitué lui aussi. Après sa mort et la dispersion des œuvres d’art, le domaine est racheté par un producteur de télévision et ouvert au public. Ainsi avons-nous pu nous promener, après être passés par un beau potager, parmi ces fabriques : la tente mongole (inspirée de la tente tartare de Retz), le pont vénitien, le cénotaphe romain, la pagode chinoise, celle-ci fraîchement restaurée au milieu d’un étang. Pour terminer par le délicieux théâtre où un Budiste de talent déclama des vers pour en tester l’acoustique.

Il fallait bien s’arracher à la beauté des lieux et à la douceur de l’atmosphère pour retrouver nos pénates orléanaises, dans le soir déclinant.
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Billet sur le même sujet avec des enregistrements sonores et des photos.
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