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Les Budistes ont bénéficié hier d’un spectacle particulièrement émouvant, voire éprouvant, tant sa charge d’humaine souffrance était forte, et propre à nous renvoyer à d’intimes blessures.
Les Budistes ont bénéficié hier d’un spectacle particulièrement émouvant, voire éprouvant, tant sa charge d’humaine souffrance était forte, et propre à nous renvoyer à d’intimes blessures.
En ouverture, et au nom des Amis de Max
Jacob, Patricia Sustrac a rendu un
hommage sobre et sensible à notre président Alain Malissard, très présent dans l’esprit de tous
dès le seuil passé du théâtre d’Orléans.
Un montage d’images de l’INA Jean-Louis Barrault, une vie sur scène
nous a d’abord plongés, aux côtés de cet acteur et metteur en scène à la diction nerveuse,
vigoureuse, dans les arcanes du monde dramatique : la clé du théâtre,
répétait Barrault, c’est de nous livrer à notre humanité, d’en initier le sens,
d’en lire sans cesse l’obscure partition. Les archives en « noir et
blanc », outre leur pouvoir de nostalgie (bonheur d’entrevoir Madeleine
Renaud, Alain Cuny, Laurent Terzieff…) renvoyait à un temps révolu et sombre où
la figure torturée d’Antonin Artaud pouvait ainsi surgir.
Ni lecture, ni spectacle. Les lettres d’Artaud
à Barrault, envoyées comme des bouteilles à la mer de Rodez où il est interné,
sont proprement incarnées par le comédien Stanislas Roquette. Au fil de ses délires
mystiques, des états de douleur inouïe dans son âme et dans ses os, de ses
demandes simples – une réponse, un signe - Artaud garde la conscience aiguë de son être
qui palpite et de la théâtralité peut-être inhérente à notre humanité. L’acteur
peu à peu dessine une silhouette qui se ratatine, se tord, se révolte : la
scène devient chaos, comme l’esprit d’Antonin. Nous n’entendons pas les retours
que Barrault dut lui écrire : cet assourdissant silence intensifie encore
la solitude de l’exilé aux confins de la raison ou au bord de la vérité.
Oui, le théâtre peut constituer pleinement
un lieu de méditation sur soi, surtout dans l’excellence d’une telle
prestation. Merci à Stanislas Roquette et au metteur en scène Denis Guénoun.
La soirée Lettres et souvenirs croisés entre Antonin Artaud et Jean-Louis Barrault faisait partie de la "Carte-Pass Budé-CDN" 2014-2015. Elle était organisée par le CDN Orléans/Loiret/Centre en partenariat avec les Amis de Max Jacob .
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La soirée Lettres et souvenirs croisés entre Antonin Artaud et Jean-Louis Barrault faisait partie de la "Carte-Pass Budé-CDN" 2014-2015. Elle était organisée par le CDN Orléans/Loiret/Centre en partenariat avec les Amis de Max Jacob .
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La lecture du texte de Nicole, limpide et clairvoyant, m'a permis de mettre un nom sur " la confusion des sentiments " qu'a provoquée en moi, l'intensité brûlante de ce spectacle.
RépondreSupprimerLa voix d'Antonin Artaud, crucifié, inoubliable désormais.