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La conférencière présentée, ce soir, par Catherine Malissard s’appelle Yasmin Hoffmann, traductrice connue de l’œuvre de Elfriede JELINEK, dont le roman Les Suppliants est actuellement mis en scène au CDN d’Orléans, sous l’appellation Borderline. Auteur d’une biographie de l’auteure autrichienne, elle s’interroge d’abord sur la violence haineuse que suscite en Autriche l’œuvre et la personnalité de cette femme hors-norme.
En préambule, Yasmin HOFFMANN projette quelques photos de Elfriede Jelinek et s’interroge : serait-ce son écriture compressée, étouffante, la charge politique de ses pages, la pornographie assumée comme langage du corps, un tout compact et brutal qui provoque la détestation des Autrichiens ? Notre conférencière avance plusieurs hypothèses. L’œuvre de Jelinek se veut lucide et provocante pour dénoncer les postures sociales des individus, leur hypocrisie face au monde tel qu’il est. C’est ainsi qu’elle met l’Autriche en accusation en la jugeant arriérée et imprégnée de son passé nazi. Son œuvre utilise la violence, le sarcasme et l’incantation afin de détruire les stéréotypes du sexisme autant que les mythes de la capitale autrichienne.
C’est en triturant la langue allemande qu’elle veut montrer, à sa manière, que nous sommes tous des porte-parole de notre monde et qu’elle n’est certes pas un écrivain du salut ! Pour atteindre ce but, Jelinek utilise toutes sortes de techniques langagières dont la traductrice nous fait une brillante démonstration. Utilisant le mot comme matériau de base, Jelinek fait « grincer » la langue allemande pour montrer sa rébellion contre ce pays qu’elle déteste, mais n’a pourtant jamais quitté. Romancière, cette remarquable musicienne se veut en adéquation avec la musique contemporaine. Le rythme de sa pulsion émotionnelle lui fait décortiquer sa langue qu’elle déforme, infléchissant le sens des mots. Elle joue aux anagrammes pour ouvrir des pluralités de sens. Rien n’échappe à sa rhétorique vengeresse contre les stéréotypes et mensonges politiques. Il faut que les mots accouchent de ses idées. La conférencière s’appuie particulièrement sur la langue utilisée dans son roman Lust et son travail de traduction nécessaire pour rester fidèle à l’esprit du roman. C’est un texte iconoclaste qui vise à faire naître l’ennui qui suinte des scènes conjugales.
Elle traite la pornographie en tant qu’expression du langage corporel et dénonce « la sainteté du couple dictatorial » soulignant le grotesque de ce duo par l’exploitation du sexe féminin, fait pour « être transpercé ». Texte iconoclaste, Lust vise à montrer l’ennui des conjoints ; c’est ainsi qu’elle « désérotise » le sexe pour faire saisir que le plaisir est ailleurs. « Je ne laisse pas un instant de répit à la langue et je la casse comme Thomas Bernard » ainsi que tous les codes habituels de la vie en société, peut-on ajouter. Sa langue parle bien au-delà des mots employés, car l’inconscient affleure dans les textes de Jelinek qui laissent le champ ouvert à de multiples interprétations et dévoilements.
Concluons avec les phrases qui saluèrent celle qui fut honorée du prix Nobel de littérature, en 2004 : « Le flot de voix et de contre-voix dans ses romans et ses drames dévoile avec une exceptionnelle passion langagière, l’absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux ».
En préambule, Yasmin HOFFMANN projette quelques photos de Elfriede Jelinek et s’interroge : serait-ce son écriture compressée, étouffante, la charge politique de ses pages, la pornographie assumée comme langage du corps, un tout compact et brutal qui provoque la détestation des Autrichiens ? Notre conférencière avance plusieurs hypothèses. L’œuvre de Jelinek se veut lucide et provocante pour dénoncer les postures sociales des individus, leur hypocrisie face au monde tel qu’il est. C’est ainsi qu’elle met l’Autriche en accusation en la jugeant arriérée et imprégnée de son passé nazi. Son œuvre utilise la violence, le sarcasme et l’incantation afin de détruire les stéréotypes du sexisme autant que les mythes de la capitale autrichienne.
La traductrice met en évidence les allusions à d’autres voix mêlées à la sienne : celle des magazines populaires autant que les écrits de Holderlin et de Fichte, composant un discours oratorio avec ces voix de la nation allemande, saisies hors de toute hiérarchie. Les livres de Jelinek reprennent toujours les mêmes mots déformés en surimpression comme sur un palimpseste que l’auteure revendique « car des millions de morts parlent avec nous quand nous écrivons ».
Elle traite la pornographie en tant qu’expression du langage corporel et dénonce « la sainteté du couple dictatorial » soulignant le grotesque de ce duo par l’exploitation du sexe féminin, fait pour « être transpercé ». Texte iconoclaste, Lust vise à montrer l’ennui des conjoints ; c’est ainsi qu’elle « désérotise » le sexe pour faire saisir que le plaisir est ailleurs. « Je ne laisse pas un instant de répit à la langue et je la casse comme Thomas Bernard » ainsi que tous les codes habituels de la vie en société, peut-on ajouter. Sa langue parle bien au-delà des mots employés, car l’inconscient affleure dans les textes de Jelinek qui laissent le champ ouvert à de multiples interprétations et dévoilements.
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